Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 03 juillet dans la ville de Goma, sous contrôle de l’AFC-M23, le président du mouvement, Corneille Nangaa, a énoncé huit exigences majeures adressées au gouvernement congolais. Selon lui, ces conditions sont indispensables pour permettre la poursuite des négociations de paix entamées à Doha.
Dans une déclaration conjointe avec d’autres leaders de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC) et du Mouvement du 23 mars (M23), Corneille Nangaa a fustigé l’attitude de Kinshasa, qu’il accuse de saboter volontairement le processus de paix, tout en maintenant une posture répressive vis-à-vis des cadres et sympathisants du mouvement.
Voici les huit exigences formulées par l’AFC-M23 :
- Annulation de la loi interdisant les pourparlers avec le M23-AFC : L’AFC-M23 réclame que Kinshasa abroge la loi votée au Parlement interdisant tout dialogue avec le mouvement. Selon Nangaa, cette loi pourrait rendre illégitime tout accord éventuel issu des négociations de Doha.
- Levée des mandats d’arrêt contre les cadres du mouvement : Le président de l’AFC exige la suppression immédiate de tous les mandats d’arrêt et poursuites judiciaires visant les membres et responsables de l’alliance.
- Libération des personnes arrêtées pour leurs liens avec le M23-AFC : Le mouvement demande la libération de toutes les personnes détenues en raison de leurs relations familiales, amicales ou sociales avec des membres de l’AFC/M23.
- Réouverture des banques dans les zones contrôlées par le M23-AFC : L’AFC considère la fermeture des institutions financières dans les territoires sous son contrôle comme une sanction collective infligée à la population civile, qu’il qualifie d’« inacceptable ».
- Lutte contre les discours de haine et la stigmatisation : L’alliance demande au gouvernement congolais de mettre fin aux discours de haine, particulièrement à l’encontre des Congolais d’expression rwandophone, dénonçant une discrimination persistante à leur égard.
- Reconnaissance officielle du processus de Doha : L’AFC-M23 exige que le président Félix Tshisekedi reconnaisse publiquement les négociations de Doha et y délègue des représentants officiels, dûment mandatés par la République, et non des émissaires sans légitimité institutionnelle.
- Protection des Congolais rwandophones à Kinshasa : Le mouvement appelle à la fin des actes de violence et des restrictions imposées aux Congolais d’expression rwandophone dans la capitale, y compris l’accès aux passeports et à la libre circulation.
- Respect du cessez-le-feu : Enfin, l’AFC-M23 insiste sur la nécessité pour Kinshasa de respecter strictement le cessez-le-feu afin de créer un climat propice aux négociations.
Ces revendications marquent une nouvelle étape dans les tensions politiques et militaires persistantes entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle. Kinshasa, pour sa part, n’a pas encore officiellement réagi à cette déclaration, mais ces exigences posent la question de la faisabilité d’un compromis durable.
Alors que les regards restent tournés vers Doha, cette sortie médiatique du président Corneille Nangaa met davantage de pression sur le gouvernement congolais, appelé à clarifier sa position et à agir pour éviter une intensification du conflit à l’Est du pays.
Par Bosco Kiaka