La tension monte dans la cité de Kisantu, territoire de Madimba, où l’insécurité grandissante continue d’alimenter la colère et l’inquiétude des habitants. Face au silence des autorités provinciales, un soulèvement pacifique de la population est désormais annoncé, et les autorités sont prévenues : elles devront en assumer les conséquences.
L’alerte de l’honorable Billy N’Tunga
C’est à travers une publication signée par son directeur de communication et porte-parole, Cédric Nkusu, que l’ancien rapporteur adjoint de l’Assemblée provinciale, l’honorable Billy N’Tunga, a haussé le ton ce jeudi 04 septembre. Le message, largement relayé sur Facebook, est sans ambiguïté :
« Trop, c’est trop ! Je demande aux autorités de la Province de prendre les mesures adéquates face à l’insécurité provoquée par les ‘kuluna’ à Kisantu. Vous avez étouffé des initiatives thérapeutiques très bien réfléchies des deux élus provinciaux, à travers des assises que vous avez émotionnellement et inutilement annulées, et pour ne rien proposer en retour ! Bientôt, la population elle-même va prendre les taureaux par les cornes, et vous en assumerez les conséquences. »
Un message perçu comme un avertissement clair : si les autorités ne réagissent pas rapidement, la rue risque de parler.
Le centre-ville de Kisantu et plusieurs quartiers périphériques sont aujourd’hui en proie à une insécurité persistante. Des groupes de jeunes âgés de 14 à 23 ans, organisés en gangs surnommés les « Shopisho », « Américains » et « Arabes », sèment la terreur à coups de machettes et d’armes blanches. Inspirés de films et de conflits fictifs, ces groupes ont pourtant bien ancré leur violence dans le quotidien des habitants.
À côté de ces bandes urbaines, d’autres formes de criminalité se multiplient : braquages, coupures de route et cambriolages à main armée. Des familles entières vivent désormais dans la peur d’une attaque nocturne.
Des initiatives étouffées
Pour tenter de faire face à cette situation, un front commun avait été initié par trois députés provinciaux : Billy N’Tunga, Cerlain Gonda et Thomas Yobila. Ils avaient projeté l’organisation des Assises sur l’Insécurité à Madimba, prévues le 19 mai dernier à Kisantu. Cette rencontre devait réunir autorités locales, société civile, médias, forces de sécurité et population, afin de réfléchir ensemble sur les mécanismes à mettre en place pour restaurer la paix.
Mais à la veille de l’événement, l’administrateur du territoire de Madimba, Nestor Nsosa, a annoncé le report de l’activité, sans fournir de raisons claires. Selon certaines sources, la décision viendrait d’un ordre hiérarchique « venu d’en haut ». Ce report brutal avait déjà provoqué frustration et soupçons dans l’opinion publique.
L’appel à un soulèvement pacifique résonne d’autant plus fort que la mémoire des habitants reste marquée par les violentes manifestations de Boma, où une contestation populaire avait dégénéré en affrontements meurtriers : cinq morts, dont un policier, et plusieurs bâtiments publics incendiés.
L’annonce de l’honorable N’Tunga ravive donc la crainte d’un scénario similaire à Kisantu, même si le député insiste sur le caractère « pacifique » d’une éventuelle mobilisation populaire.
La population, lasse d’attendre, réclame des réponses claires et des actions concrètes. L’insécurité n’est plus perçue comme un simple phénomène de délinquance juvénile, mais comme une menace à la stabilité sociale et économique de la région.
Le message est clair : si les autorités provinciales ne réagissent pas rapidement, Kisantu pourrait bien devenir le théâtre d’un soulèvement populaire. Les habitants disent ne plus vouloir « vivre dans la psychose » et appellent leurs élus à prendre leurs responsabilités.
Bosco Kiaka


