La plénière de l’Assemblée nationale de ce mercredi 16 septembre, présidée par le Premier Vice-président, a été particulièrement mouvementée. Des tensions et agitations ont rythmé les débats, sur fond de pétitions à répétition visant les membres du bureau.
Parmi les interventions les plus marquantes, celle du député national Justin Bitakwira, élu de Bukavu (Sud-Kivu), a retenu l’attention. Dans un discours aux accents de griot africain, l’élu s’est insurgé contre ce qu’il considère comme une déconnexion de la représentation nationale vis-à-vis des préoccupations du peuple.
« Je viens du front et le peuple se demande si nous sommes dans une république normale où une ou plusieurs parties du pays sont occupées. Et quand ce peuple nous regarde, il pense qu’il a en face de lui des inconscients », a-t-il lancé, provoquant des brouhahas dans l’hémicycle.
Malgré les interruptions, Bitakwira a poursuivi son plaidoyer : « Quand une maison brûle, on fait appel aux extincteurs et non à ceux qui allument le feu. Je suis devant vous comme un témoin des massacres, des morts… ». Face à l’impatience de certains députés, il a conclu sur un ton résigné : « Si pour une fois, en tant que griot national, on n’a pas besoin de m’écouter, je cède le micro pour ne rien dire. »
Cette sortie musclée intervient dans un climat politique tendu. La plénière de ce jour constitue une étape dans le processus pouvant conduire à la déchéance de certains membres du bureau. Une commission devrait être mise en place pour examiner les pétitions déposées, visant tous les membres à l’exception du président Christophe Mboso et du rapporteur adjoint Jean-Claude Tshilumbayi.
Cependant, une source proche du dossier indique que le Premier Vice-président lui-même pourrait bientôt être visé. Une motion rassemblant plus de 70 signatures serait en préparation et pourrait être déposée dans les prochaines heures.
Dans ce contexte, la voix de Justin Bitakwira apparaît comme un rappel à l’ordre moral : alors que la nation traverse des défis sécuritaires majeurs, les querelles internes de l’Assemblée nationale risquent de donner à la population le sentiment que ses élus se préoccupent davantage de leurs positions que de l’avenir du pays.
Kongo Futur

