À l’occasion de la troisième édition du Forum mondial Nyéléni sur la souveraineté alimentaire, une déclaration solennelle a été lue par les femmes entrepreneures œuvrant dans la pêche et l’aquaculture à travers l’Afrique. Ce forum, qui s’est tenu du 8 au 15 septembre 2025 à l’Institut National de Développement Coopératif (NICD) de Kandy, a réuni plus de 700 délégués issus de 101 pays venus débattre des enjeux de la souveraineté et de la sécurité alimentaire mondiale.
La République Démocratique du Congo y était représentée par Patricia Maisha, présidente du Réseau pour le Développement Intégral du Congo (REDIC-AWFISHNET-RDC), experte certifiée en gestion des ressources halieutiques et entrepreneure reconnue dans le secteur de la pêche. Elle a pris part activement aux travaux pendant six jours et a relayé à sa cellule de communication les grandes lignes de la déclaration.
Une déclaration collective et inclusive
Le texte, fruit des discussions entre mouvements sociaux, collectifs, organisations et peuples autochtones, dénonce les crises multidimensionnelles qui menacent les systèmes alimentaires :
Capitalisme et impérialisme bouleversant les écosystèmes et accélérant l’exploitation des ressources.
Crise climatique et de biodiversité aggravée par les activités extractives.
Conflits armés et guerres qui utilisent la faim comme arme et déplacent des millions de personnes.
Oppressions multiples : patriarcat, racisme, xénophobie, misogynie, exploitation des travailleurs, discriminations fondées sur le genre et la classe.
Les délégués ont réaffirmé leur volonté de construire un « mouvement des mouvements » pour résister à ces oppressions, défendre les territoires, préserver la biodiversité et promouvoir la souveraineté alimentaire comme droit fondamental des peuples.
Les priorités et engagements du Forum Nyéléni
Parmi les engagements phares, la déclaration appelle à :
Lutter contre la privatisation des systèmes alimentaires et de santé. Défendre les droits des femmes, des travailleurs, des migrants et des communautés autochtones. Promouvoir l’agroécologie et les économies solidaires. Dénoncer l’impunité des multinationales et l’accaparement des ressources. Renforcer la solidarité internationale, notamment face aux génocides et conflits en cours dans des régions comme la Palestine, la RDC ou le Soudan du Sud.
Les campagnes annoncées incluent la lutte contre l’aquaculture industrielle, l’utilisation de la faim comme arme de guerre, la commercialisation des semences et la dette mondiale qui fragilise les économies locales.
Pour la délégation africaine, et particulièrement pour les femmes entrepreneures du secteur halieutique, il était essentiel de rappeler les défis spécifiques rencontrés sur le continent : manque d’accès aux financements, précarité des infrastructures, insécurité des zones de pêche, menaces des prédateurs naturels sur les étangs, et concurrence déloyale des importations.
Patricia Maisha a souligné que :

« Nos réalités africaines doivent être entendues dans ce forum mondial. Les femmes entrepreneures, piliers de la pêche et de l’aquaculture, portent non seulement le poids de la production, mais aussi celui de la sécurité alimentaire de nos communautés. »
Prochaines étapes en RDC
À son retour, la présidente du REDIC a annoncé qu’une rencontre nationale est prévue le 30 septembre 2025 avec les acteurs du secteur halieutique en RDC. Cette session servira à restituer les principaux enseignements du Forum de Kandy et à adapter les recommandations aux réalités locales, notamment pour relever les défis alimentaires et promouvoir la souveraineté alimentaire en RDC.
Bosco Kiaka






