Depuis sa révocation du poste de Questeur à l’Assemblée provinciale du Kongo-Central, l’honorable Oméga Mbadu, élu de la ville de Boma, avait longtemps gardé le silence.
Ce 29 août, il a finalement accepté de revenir sur ce sujet sensible au micro du journaliste Caris Nzita, lors d’une émission à la Radio Maquis de Boma, dans un contexte marqué par de fortes tensions entre la population et la police, tensions ayant malheureusement coûté des vies humaines.
Une révocation controversée
Fils de l’ancien gouverneur Jacques Mbadu et membre du G24, soutien au gouverneur Bilolo, Oméga Mbadu a été évincé de ses fonctions de Questeur par 25 voix contre 7. Les griefs portés contre lui faisaient état d’« égoïsme, intérêt personnel, manque de collaboration et de discrétion ». Des accusations qu’il rejette en bloc, parlant plutôt d’un « complot » mais surtout de affaires purement « Politiques « destiné à le fragiliser.
« Tout ce qui m’a été reproché n’avait aucun lien avec mes attributions de Questeur. Ces affaires relèvent de la Commission des sages de l’Assemblée provinciale et ne pouvaient en aucun cas motiver une motion de censure », a-t-il déclaré.
Le “Péché” de trop : une Question orale Dérangeante
Selon le député, son véritable tort est d’avoir exercé son rôle de parlementaire en initiant une question orale avec débat adressée au ministre provincial des Travaux publics et Infrastructures. Il voulait obtenir des éclaircissements sur l’arrêt des travaux de la route Saïko à Boma, un projet crucial pour sa circonscription mais laissé en suspens.
« Depuis le début du mandat, Boma ne bouge pas en termes d’actions concrètes du gouvernement provincial. J’ai voulu comprendre pourquoi les travaux de la route Saïko traînaient. Cette démarche a dérangé beaucoup de personnes », confie-t-il avec amertume.
Cette initiative, perçue comme un manque de loyauté vis-à-vis du bureau dont il faisait partie, aurait précipité sa chute.
Frustration mais pas Résignation
Bien que profondément frustré par la manière dont il a été évincé, Oméga Mbadu dit trouver une certaine liberté après son départ du bureau de l’Assemblée. Désormais, il affirme vouloir assumer pleinement son mandat de député, sans pression ni contraintes politiques.
« Je n’ai pas été élu pour gérer l’argent de l’Assemblée provinciale afin de protéger un camp. J’ai été élu pour défendre la cause de la population de Boma, et je continuerai à le faire, quels que soient les obstacles », insiste-t-il.
S’il reconnaît les avantages liés à son ancien poste de Questeur, il se dit prêt à payer ce prix pour préserver sa liberté d’expression et rester fidèle à ses engagements vis-à-vis de sa base.
L’élu de Boma a également affirmé avoir reçu des menaces et subi des attaques à la suite de son initiative, preuve, selon lui, que « certains dossiers restent tabous dès qu’ils touchent les intérêts d’un membre du gouvernement ». À noter qu’aucun soutien notable même de G24 qu’il appartient ne lui a été apporté lors de sa révocation, accentuant son isolement politique.
Et Après ?
Pour l’heure, Oméga Mbadu passe ses vacances parlementaires à Boma, auprès de sa base électorale, partageant la douleur des familles touchées par les récentes tensions meurtrières entre la population et les forces de l’ordre.
Déçu mais toujours combatif, il entend poursuivre son chemin politique en se positionnant comme la voix de Boma face aux manquements du gouvernement provincial. L’avenir dira si sa posture de franc-parler et de fidélité à sa population renforcera son image de jeune député engagé… ou accentuera son isolement sur l’échiquier politique provincial.
Par BOSCO KIAKA

