Chaque 26 septembre, le monde entier célèbre la Journée internationale de la contraception, un moment crucial pour rappeler l’importance de la santé sexuelle et reproductive et pour plaider en faveur d’un meilleur accès à la planification familiale. En République démocratique du Congo (RDC), où les défis restent immenses, cette journée prend une dimension particulière, notamment dans la province du Kongo Central, à Kisantu, où de nombreuses jeunes filles continuent de faire face à des grossesses précoces et non désirées.
Selon le Réseau des journalistes pour la santé sexuelle et reproductive (RJSSR), la RDC affiche une prévalence contraceptive moderne de seulement 15 %, bien loin de l’objectif de 19 % fixé pour 2030 dans le cadre des engagements de FP2030 et de la Couverture Santé Universelle. Ce faible recours à la contraception contribue directement au maintien d’un taux de mortalité maternelle alarmant : plus de 700 décès pour 100 000 naissances vivantes.
Pour le RJSSR, la planification familiale est bien plus qu’une option : « La planification familiale n’est pas un luxe mais un droit fondamental et un outil vital pour sauver des vies », insiste le communiqué publié à l’occasion de cette journée.
Dans le cadre de cette commémoration, notre rédaction Kongo Futur, avec l’appui du RJSSR, s’est rendue au Centre de santé d’État d’Inkisi, à proximité du parking central de Kisantu, pour recueillir des témoignages.
L’infirmière en charge de la planification familiale a souligné que la contraception est disponible gratuitement dans ce centre. Pourtant, beaucoup de jeunes filles hésitent encore à franchir la porte du service, freinées par la honte ou par des idées reçues persistantes. « Certaines entendent des rumeurs dans la cité, qui installent la peur et alimentent la désinformation », explique-t-elle.
Ce manque de communication et de sensibilisation plonge des centaines de jeunes filles dans l’ignorance et les expose à des grossesses précoces. Sarah, 15 ans, déjà enceinte, confie son regret : « On m’a dit que la pilule empêche de tomber enceinte plus tard, alors j’ai préféré ne pas l’utiliser. Maintenant, je le paie cher. »
Le Dr Glody Vambanu, expert en santé sexuelle et reproductive, rappelle que cette journée est avant tout un appel à la sensibilisation : « Parler de contraception, c’est sauver des vies et donner aux jeunes filles le pouvoir de choisir leur avenir. »
De son côté, Bibiche Mbete, journaliste et coordinatrice du RJSSR, tire la sonnette d’alarme : « La jeunesse congolaise doit être accompagnée, informée et protégée. Le planning familial n’est pas seulement une question de santé, c’est aussi une question de dignité et de développement. »
Depuis 2022, la contraception est officiellement prise en charge à 100 % pour toutes les femmes de moins de 26 ans. Depuis 2023, les préservatifs et la contraception d’urgence sont gratuits en pharmacie, sans prescription. Et depuis mars 2025, même les préservatifs sans latex sont inclus dans cette gratuité.
Cependant, ces mesures nationales peinent à produire un impact réel dans des villes comme Kisantu, où le poids des tabous culturels et le manque de sensibilisation continuent de limiter l’accès des jeunes à ces services.
La Journée mondiale de la contraception 2025 rappelle avec force que la jeunesse féminine de Kisantu et du Kongo Central en général a besoin de plus d’informations, d’accompagnement et de programmes adaptés.
Le gouvernement congolais, avec l’appui des partenaires et des acteurs locaux, devrait investir davantage dans la sensibilisation et l’éducation sexuelle, afin de réduire le nombre de grossesses non désirées et de donner aux jeunes filles la possibilité de construire un avenir meilleur.
La contraception n’est pas seulement un outil médical, elle est un levier d’autonomie, de dignité et de développement durable.
par Bosco Kiaka
