Face aux questions liées aux avortements clandestins, à l’accès aux contraceptifs et aux grossesses non désirées, notre équipe de rédaction s’est rendue au village de Kipako pour comprendre les réalités auxquelles les femmes rurales sont confrontées.
Situé dans le territoire de Madimba, province du Kongo Central, Kipako se trouve à environ 35 kilomètres de la cité de Kisantu, dans la zone de santé portant le même nom. L’état dégradé des routes rend l’accès au village particulièrement difficile.
Dans ce village, le centre de santé local reçoit régulièrement des cas de complications liées à des avortements clandestins, pratiqués sur place par des individus ayant une certaine connaissance des médicaments, explique Juvency Masuka, infirmier rencontré sur place.

Concernant l’accès aux contraceptifs, l’infirmier déplore une forte réticence de la part des femmes et des jeunes filles du village. Cette méfiance est principalement due aux nombreux préjugés qui entourent l’usage de ces produits. Résultat : les grossesses non désirées se multiplient, entraînant à leur tour des avortements clandestins. Et ce, malgré le fait que le centre de santé de Kipako dispose d’un stock conséquent de contraceptifs mis gratuitement à la disposition de la population.
Le phénomène touche même les plus jeunes. « Récemment, nous avons pris en charge une adolescente de 15 ans présentant une disproportion fœto-pelvienne, une complication survenant lorsque le bassin est trop étroit pour permettre un accouchement naturel », témoigne un infirmier du centre.

Pour Monsieur Masuka, il est urgent de renforcer les campagnes de sensibilisation sur l’éducation sexuelle, notamment dans les écoles, afin d’enrayer cette situation alarmante.
Autre difficulté : en dehors du centre de santé de Kipako, les habitants doivent parcourir environ deux kilomètres pour se rendre à Ngufu, dans le secteur de Kipako, afin d’acheter les médicaments nécessaires.
Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), publié en 2023, près de 45% des avortements dans le monde sont pratiqués dans des conditions dangereuses, avec une incidence plus élevée dans les zones rurales où l’accès à l’information, aux soins de santé et aux contraceptifs reste limité. Ce constat reflète pleinement la situation observée à Kipako, où l’éducation sanitaire, le dialogue communautaire demeurent des urgences de santé publique.
Marley Mamona