La morgue de l’hôpital général Saint Luc de Kisantu, dans le territoire de Madimba au Kongo-Central, fait face à une saturation inquiétante. Mardi 26 août, 18 cadavres non identifiés ont été inhumés au cimetière de Kintuadi à Nkandu, dans des conditions jugées indignes par plusieurs observateurs.
Selon une source discrète au sein de l’établissement, ces corps ont été enterrés dans seulement neuf cercueils, soit deux cadavres par cercueil, une pratique qui suscite l’indignation de la population locale et des acteurs de la société civile.
Construite pour une capacité d’accueil de 44 corps-32 dans la première chambre et 12 dans la seconde – la morgue de l’hôpital Saint Luc conserve aujourd’hui plus de 100 cadavres, soit plus du double de sa capacité. Parmi eux, de nombreux corps d’indigents et de victimes d’accidents routiers sur la RN1, abandonnés depuis longtemps par leurs proches Selon un dernier communiqué de cette établissement sanitaire.
Le directeur général de l’hôpital, Dr Fely Ndongala, indique avoir sollicité à plusieurs reprises l’aide du gouvernement provincial pour trouver une solution durable, mais sans résultat. « Les autorités doivent intervenir rapidement afin d’assurer une inhumation digne des corps des indigents », précise un communiqué datant consulté par notre rédaction.
Dans ce contexte, la direction de l’hôpital Saint Luc lance régulièrement des appels aux familles pour qu’elles viennent retirer en urgence les corps de leurs proches. Cependant, le problème demeure, car de nombreux cadavres restent anonymes ou n’ont pas de famille pour les réclamer.
Ces corps ont été transportés de la morgue vers le cimetière de Nkandu à l’aide de motos à trois pneus, faute de moyens adaptés. Cette scène a profondément choqué la population locale.
« Même s’ils étaient non identifiés, ces personnes méritaient un enterrement digne. Les enterrer deux par cercueil est une pratique qui ne respecte ni la culture Kongo ni la dignité des morts », a dénoncé un membre de la société civile.
La population s’interroge également sur les conditions dans lesquelles les cercueils ont été fabriqués et financés. Certains internautes se demandent si les autorités compétentes ont été informées de cet enterrement collectif et appellent à plus de transparence.
La saturation de la morgue de Kisantu ne représente pas seulement un problème logistique, mais aussi un défi sanitaire et culturel. L’inhumation massive et précipitée de cadavres, sans respect des rites funéraires, pourrait accentuer la méfiance entre la population et les autorités sanitaires.
Pour rappel, la morgue Saint Luc de Kisantu dessert non seulement la cité d’Inkisi et ses environs, mais reçoit également des corps en provenance de Mbanza-Ngungu et d’autres localités du Kongo-Central.
La société civile appelle les autorités provinciales et nationales à prendre rapidement des mesures pour construire une nouvelle morgue plus adaptée aux besoins croissants de la région, tout en garantissant aux défunts un enterrement digne et respectueux des traditions.
Par Bosco Kiaka



