L’Association pour la Santé, la Formation et le Développement (ASFOD) vient de publier un rapport préoccupant sur les cas d’avortements provoqués clandestins enregistrés à l’Hôpital Saint Luc de Kisantu entre 2018 et 2024. Selon ce document, 90 admissions ont été recensées durant cette période, révélant une fréquence inquiétante de l’IVG illégale dans la région.
En 2018, 36 femmes ont avorté, dont 6 en février et 5 en mars. L’année 2023 a enregistré 25 cas, avec des pics en mai (6 cas) et en décembre (7 cas). En 2024, 29 femmes ont été admises, dont 6 en juin et 6 en octobre.
L’âge des patientes allait de 14 à 40 ans, avec une prédominance chez les jeunes filles de 19 à 23 ans. Concernant la profession, 36 % des patientes étaient des écolières, 27 % des étudiantes, 20 % sans profession, et 17 % commerçantes.
Les partenaires impliqués avaient en moyenne 32 ans. Dans 51 % des cas, il s’agissait de célibataires sans emploi ni revenu fixe.
Sur le plan obstétrical, 61 % des patientes étaient des mineures. Les principales raisons avancées pour justifier ces avortements incluent : la crainte des parents (38 %), la sauvegarde des études (16 %), le refus d’un enfant hors mariage (16 %) et la pauvreté (16 %).
Le coût moyen d’un avortement clandestin est estimé à 50 dollars américains, avec un maximum de 250 dollars. La majorité des interventions ont été pratiquées par des paramédicaux (61 %), tandis que 30 % des patientes ont tenté l’auto-avortement. Les grossesses les plus souvent interrompues se situaient entre 5-8 semaines et 10-12 semaines d’aménorrhée.
Les moyens utilisés sont multiples et souvent dangereux : insertion de morceaux de métal, bois, tiges de manioc dans l’utérus, utilisation de drogues telles que le permanganate de potassium, de l’eau savonneuse, des piqûres d’ocytocine ou encore des comprimés de Misoprostol.
Le rapport classe ces pratiques sous trois formes : l’avortement thérapeutique ou eugénique, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et l’avortement clandestin, illégal ou criminel.
Présenté par le Dr N’Tangi Buta Chastel, président de l’ASFOD et médecin à l’Hôpital Saint Luc de Kisantu, ce rapport appelle à une mobilisation urgente pour renforcer la prévention, l’éducation à la santé sexuelle et reproductive, et l’accès aux services de contraception.
Marley Mamona