La crise institutionnelle qui secoue l’Assemblée provinciale du Kongo Central franchit une nouvelle étape. Dans une sortie médiatique rare mais très attendue, l’honorable Cerlain Gonda Matumona, surnommé « le Léopard de Madimba » a réagi au communiqué du président Papy Mantezolo, qui refuse au rapporteur Victor Nsuami le droit de convoquer la plénière pour examiner la pétition déposée contre lui.
Cerlain Gonda, réputé pour son calme et sa discrétion, est sorti de son silence dans un entretien exclusif avec notre rédaction à matadi le 01 octobre. Loin des querelles politiques, il a choisi d’aborder la crise sous un angle juridique et institutionnel, rappelant les textes en vigueur.
Selon lui, le refus du président Mantezolo de convoquer la plénière dans le délai réglementaire constitue une violation du Règlement intérieur de l’Assemblée provinciale, et risque d’aggraver la crise de légitimité déjà installée.
En effet, le 30 septembre, le rapporteur Victor Nsuami avait convoqué une plénière dans les 72 heures, conformément à l’article 30 du Règlement intérieur, pour examiner la pétition signée par 22 députés sur 39, visant la destitution de Papy Mantezolo.
Mais dans un communiqué référencé 003/2025, rendu public le 1er octobre, le président Mantezolo a estimé que lui seul dispose de la compétence légale pour convoquer les députés en plénière. Il a même interdit tout attroupement ou accès à la salle sans son autorisation, ordonnant à la Police nationale de sécuriser le siège de l’Assemblée.
Le rappel au cadre juridique
Pour Cerlain Gonda, cette lecture du règlement est erronée et dangereuse. Il cite expressément l’article 30 du Règlement intérieur, qui prévoit que :
En cas de pétition contre un membre du Bureau, la plénière doit être convoquée dans les 72 heures.
Si cette convocation est refusée, les députés ont la possibilité et le droit de se réunir dans n’importe quelle localité de la province (telle que Matadi, Boma, Kisantu, Mbanza-Ngungu Moanda…) afin de tenir la séance plénière, au cas où l’assemblée serait barricadée ;
Si le Bureau refuse ou fait défaut, la compétence revient au doyen d’âge, assisté de deux plus jeunes députés, pour convoquer et présider la plénière.
Dans ses propos, cerlain Gonda insiste :
« Le refus de convoquer la plénière constitue une violation flagrante du règlement intérieur. La majorité des députés pétitionnaires détient la légitimité juridique et politique pour exiger l’application des textes. Si le président persiste dans son refus, il engage une nouvelle violation de la loi. »
Au-delà du débat de procédures, l’affaire révèle une érosion de l’autorité de Papy Mantezolo. Frappé par deux pétitions successives et soutenu seulement par 14 députés sur 39, le président ne dispose plus d’une majorité parlementaire. Son refus d’appliquer l’article 30 apparaît, pour ses détracteurs, comme une stratégie de blocage destinée à gagner du temps.
Mais juridiquement, explique CERLAIN GONDA, la solution existe : ignorer le communiqué présidentiel jugé sans valeur légale ; saisir formellement le doyen d’âge pour convoquer la plénière ; organiser les travaux afin de constater la déchéance du président et élire un nouveau bureau.
Cette impasse parlementaire passionne l’opinion publique et accroît les tensions politiques au Kongo Central. Alors que le chef de l’État Félix Tshisekedi a récemment insisté sur la stabilisation des institutions provinciales, le bras de fer entre majorité pétitionnaire et bureau contesté risque de fragiliser davantage l’équilibre institutionnel dans la province.
Pour CERLAIN GONDA, la seule issue est le respect strict du cadre juridique. Toute autre démarche, avertit-il, « plongera l’Assemblée dans une illégalité qui affaiblira non seulement l’institution mais aussi la crédibilité de l’État de droit ».
BK




