À la veille de la rentrée parlementaire prévue ce mardi 30 septembre, la province du Kongo Central vit un climat politique électrique. Ce lundi matin, les rumeurs persistantes autour d’une éventuelle motion contre le président de l’Assemblée provinciale, Papy Mantezolo, se sont transformées en faits concrets. Une pétition signée par 23 députés sur 39 a émergé, visant à destituer le bureau dirigé par Mantezolo et son vice-président, Joseph Nsalambi.
Comme pour confirmer ce vent de fronde, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux ce lundi montre 24 élus provinciaux réunis à Kinshasa. Leur objectif affiché : dégager une nouvelle majorité parlementaire et sceller le sort du bureau actuel. On y aperçoit plusieurs figures politiques du Kongo Central, parmi lesquelles Atou Matubuana, ancien gouverneur, José Matoko, Victor Nsuami (rapporteur de l’Assemblée), Omega Mbadu, Levieux Mbiyavanga, Pierre Kabangu, Guylain Mpanzu et Jean Kimboko Ndombasi et autres…
« C’est la nouvelle configuration qui se dessine pour une nouvelle majorité », a déclaré un député présent, confirmant l’ampleur du basculement en cours.
Les accusations contre Papy Mantezolo
Les griefs formulés contre le président de l’Assemblée provinciale et son vice-président sont multiples :
1.Entrave aux droits parlementaires et aux initiatives des élus
2.Détournement présumé de fonds publics, notamment dans l’acquisition des véhicules pour les députés
3.Violations répétées des règles de passation des marchés publics (véhicules, construction du nouveau bâtiment de l’Assemblée)
4.Manque de traçabilité dans l’utilisation de fonds alloués à l’Assemblée provinciale lors de la Conférence des présidents des Assemblées provinciales de la RDC : plus de 200 millions de FC restent non justifiés.
Cette pétition est portée par le député Muntu Lezi de l’UDPS/Tshisekedi, élu de Boma, confirmant la dimension politique et partisane de ce bras de fer.
Cette crise éclate alors même que la Première ministre séjourne dans la province, ajoutant une dimension nationale à ce conflit provincial. Les tensions internes de l’Assemblée risquent de peser sur l’image politique du Kongo Central et d’alimenter davantage les rivalités au sein des forces politiques locales.
Pour Papy Mantezolo, l’avenir paraît de plus en plus incertain. Si la motion est bel et bien déposée et soumise au vote dès l’ouverture de la session, il pourrait être poussé vers la sortie. Un député interrogé, visiblement convaincu du sort de l’actuel président, a simplement lâché : « Vous avez tout vu et vous avez compris. »
Au-delà des accusations, cette affaire révèle les fractures internes qui traversent l’Assemblée provinciale du Kongo Central. Le basculement de majorité observé à Kinshasa traduit moins une simple lutte contre les dérives présumées du bureau qu’une volonté de recomposition politique en vue de contrôler l’institution provinciale à l’approche des grands rendez-vous électoraux.
La mise en avant de personnalités comme Atou Matubuana, figure incontournable de la scène politique locale, laisse entrevoir un retour en force des anciens clans qui cherchent à reprendre la main sur l’Assemblée.
Pour les observateurs, deux scénarios sont possibles : La chute de Papy Mantezolo, confirmant la volonté des députés de tourner la page et de redistribuer les cartes du pouvoir. Un retournement de situation à la dernière minute, si Mantezolo parvient à rallier des soutiens et à dénoncer une cabale politique.
Dans tous les cas, cette motion s’inscrit dans une dynamique plus large de fragilisation des institutions provinciales en RDC, souvent secouées par des luttes internes entre majorités changeantes, intérêts économiques et ambitions personnelles.
par Bosco Kiaka

