L’Assemblée provinciale du Kongo Central a ouvert mardi sa session budgétaire sur fond de turbulences politiques. Alors que le président Papy Mantezolo dirigeait la plénière inaugurale, 22 députés provinciaux sur les 39 que compte actuellement l’institution ont déposé une pétition réclamant sa destitution ainsi que celle de son bureau.
À l’origine de cette fronde parlementaire, une série de griefs jugés « graves » par les pétitionnaires :
- Absence de contrôle parlementaire : selon les signataires, depuis son élection, le président n’a jamais produit de rapport parlementaire ni exigé un rapport du gouvernement provincial sur la gestion financière.
- Blocage des initiatives parlementaires : plusieurs motions et questions orales avec débat, notamment celles de l’honorable Cerlain Gonda sur la situation des finances provinciales et d’un autre député sur l’insécurité, auraient été systématiquement écartées sous prétexte d’irrégularités de procédure.
- Protection du gouvernement provincial : Mantezolo est accusé de gérer l’institution « par camaraderie » avec le gouverneur Grâce Nkuanga Bilolo, en protégeant les membres de son exécutif des interpellations parlementaires.
- Soupçons de détournement et de mauvaise gestion :
Acquisition du terrain de Nkala Nkala, destiné au nouveau siège de l’Assemblée, à hauteur d’un million de dollars américains, un prix jugé « scandaleux » par le député Djuif Manianga.
Achat de véhicules pour les députés à 78 000 dollars l’unité, dénoncé comme surfacturé.
Manque de traçabilité sur plus de 200 millions de FC liés à la Conférence des présidents des Assemblées provinciales.
Violations présumées des règles de passation des marchés publics.
La pétition est portée par Muntu Lezi, député UDPS/Tshisekedi élu de Boma, et soutenue par 21 autres élus. Selon eux, il ne s’agit pas seulement d’une question de gestion interne, mais aussi de démocratie parlementaire bafouée.
« Le président empêche systématiquement les députés d’exercer leur droit de contrôle sur l’exécutif provincial. C’est une entrave grave à nos prérogatives », a dénoncé un pétitionnaire à la presse.
De son côté, l’entourage de Papy Mantezolo balaie ces accusations, estimant que cette initiative vise avant tout à déstabiliser les institutions provinciales pour des raisons politiques.
Avec 22 signatures sur 39, la pétition dépasse la majorité absolue requise et pourrait entraîner la mise en accusation du président et de son bureau. Si elle aboutit, le Kongo Central se dirigerait vers une recomposition du bureau de l’Assemblée provinciale, ouvrant une nouvelle page dans les rapports de force politiques à Matadi.
Dans l’attente de la suite de la procédure, cette affaire illustre une fois de plus les tensions persistantes entre le législatif provincial et l’exécutif dirigé par le gouverneur Grâce Bilolo, sur fond de gestion controversée et de rivalités partisanes.
par Bosco Kiaka

