Pendant deux jours, soit du 25 au 26 mars dernier, le Réseau des Magistrats pour l’Application de l’Article 14 du Protocole de Maputo (REMAP-14), avec le soutien financier de MSI-RDC, a organisé une matinée scientifique de sensibilisation à Kisantu, dans le territoire de Madimba au Kongo Central.
L’événement, tenu dans le cadre du mois des droits de la femme, visait à vulgariser le Protocole de Maputo et à sensibiliser les autorités et la société civile sur l’avortement sécurisé.
Cette conférence-débat a réuni plusieurs acteurs clés, notamment les autorités politico-administratives, les magistrats, les professionnels de santé et les leaders communautaires. L’objectif principal était de renforcer les connaissances autour de l’article 14.2.c du Protocole de Maputo, qui garantit aux femmes l’accès à des soins complets d’avortement sécurisé dans certaines conditions prévues par la loi.
Parmi les intervenants, le Procureur Général Léon Kahindo et le Dr Vita ont apporté des éclairages sur les implications juridiques et sanitaires de l’avortement sécurisé, en insistant sur la nécessité de garantir aux femmes l’accès à des soins appropriés pour réduire les décès liés aux avortements clandestins.
Selon les données présentées par un médecin généraliste local de l’hôpital général de référence Saint Luc de kisantu, près de 50 % des décès maternels à Madimba sont liés à des avortements non sécurisés — une statistique alarmante qui justifie l’urgence de la sensibilisation.
Le Président du Tribunal de Paix de Madimba, le magistrat Étienne, a rappelé que certains cas d’avortement, comme ceux résultant d’un viol, d’agression sexuelle, d’un inceste ou mettant en danger la santé de la mère, ne sont pas punissables par la loi. Il a souligné que l’avortement sécurisé n’est pas une pratique ouverte à tous : seuls les médecins, infirmiers et accoucheurs qualifiés sont habilités à le pratiquer dans des structures sanitaires appropriées.
Cette activité a également permis de dissiper les malentendus autour du Protocole de Maputo, souvent perçu à tort comme une incitation à la pratique libre de l’avortement. Au contraire, il s’agit d’un cadre légal qui vise à protéger la santé et les droits des femmes dans un contexte bien encadré.
Les participants ont salué cette initiative du REMAP-14, considérée comme un moment crucial d’échange et d’information. Le Réseau des Magistrats a ainsi réaffirmé son engagement à améliorer la vie de la population en allant au-delà de son rôle judiciaire, pour contribuer activement à la sensibilisation communautaire.
L’événement s’est clôturé sur un appel fort à l’éveil des consciences et à la lutte contre les avortements clandestins, responsables de nombreux décès évitables. Il marque un pas important vers la promotion de la santé sexuelle et reproductive dans les zones rurales du Kongo Central.
Par Bosco Kiaka











