Lors de la grande marche pacifique organisée vendredi 24 octobre à Kinshasa par la société civile en provenance notamment du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, Francine Nzumba Nzinga Ndona de Mbanza-Ngungu et présidente de l’ONG C.U.D a pris la parole pour lancer un appel puissant au peuple Kongo tenté par la rébellion. La marche, dont le point de chute était le Palais du Peuple, a officiellement lancé la campagne nationale «PAS DE RDC SANS LE NORD-KIVU, LE SUD-KIVU ET L’ITURI».
Une femme du Kongo au cœur de la mobilisation
Francine Nzumba, unique notable kongo présente à cette grande mobilisation, a expliqué aux journalistes pourquoi elle avait fait le déplacement jusqu’à Kinshasa : la guerre à l’Est «nous concerne tous». Dans son interview, elle a insisté sur l’idée que la souffrance d’une partie du pays affecte l’ensemble du corps national «quand l’œil gauche est malade, c’est tout le corps qui souffre», a-t-elle imageusement déclaré.
Message direct au peuple Kongo qui rejoint la rébellion
S’adressant aux Mbuta ces compatriotes kongo qui, selon elle, ont «perdu leur conscience» en rejoignant la rébellion Francine Nzumba a lancé un appel à l’arrêt immédiat des hostilités : revenir à la maison, renouer avec les valeurs communautaires et cesser de tuer leurs frères pour des intérêts personnels. Elle a rappelé que, dans la tradition kongo, les conflits se règlent «en famille», à l’ombre du «kinzonzi» et des palabres, et non par le sang.
La marche a réuni des milliers de participants venus des quatre coins de Kinshasa : drapeaux, banderoles et polos aux couleurs nationales ont accompagné un cortège déterminé à dénoncer tout projet de démembrement territorial. Au Palais du Peuple, Me Patient Bashombe et Patricia Maisha ont lu une déclaration publique appelant à l’unité nationale et à la mobilisation citoyenne contre la «balkanisation». Le mémorandum lu ce jour-là dresse un constat sévère de l’occupation, des complicités internes présumées, et de la souffrance humanitaire de l’Est.
L’intervention de Francine Nzumba prend sens dans un contexte où des familles kongo sont touchées directement ou indirectement par les tensions à l’Est. En lançant un appel aux Mbuta et à tous les Kongo, elle tente de freiner un phénomène de rupture sociale susceptible d’alimenter la violence et d’enclencher des dynamiques de haine intercommunautaire. Son discours met en avant deux impératifs : la sauvegarde des valeurs culturelles et la nécessité de ramener les belligérants vers des mécanismes de règlement pacifique des différends.
Appel aux autorités et à la société civile
Francine Nzumba a aussi salué l’organisation de la marche, conduite par Me Patient Bashombe et Patricia Maisha, et encouragé la société civile à maintenir la pression pacifique afin d’obtenir des réponses concrètes du gouvernement et de la communauté internationale : protection des populations, poursuite des auteurs des crimes et renforcement de la cohésion nationale. Selon les organisateurs, la mobilisation doit s’inscrire dans la durée, par des actions de sensibilisation et une campagne qui traverse le pays et la diaspora.
La voix de Francine Nzumba, Ndona du Kongo central, a offert à la marche un message à la fois culturel et politique : rappeler aux Mbuta leurs racines, leur humanité et l’importance du dialogue. Dans un pays où les tensions régionales menacent l’unité, son appel à revenir et à résoudre les conflits par la discussion et la réconciliation familiale résonne comme une démarche de prévention contre l’escalade. La bataille pour l’unité de la RDC se joue désormais autant dans la rue que dans les cœurs.
Par Bosco KIAKA














