Patricia Maisha, présidente du Réseau pour le Développement Intégral du Congo (REDIC-AWFISHNET-RDC), experte certifiée en gestion des ressources halieutiques et entrepreneure reconnue dans le secteur de la pêche en RDC, a pris part ce lundi 08 septembre à la cérémonie d’ouverture du 3ᵉ Forum Global Nyéléni. Cet événement international, l’un des plus grands rassemblements de mouvements de base au monde, s’est ouvert à l’Institut National de Développement Coopératif (NICD) de Kandy.
Un rassemblement mondial pour la souveraineté alimentaire
Le Forum réunit cette année plus de 700 délégué·es issus de 100 pays : paysan·nes, peuples autochtones, pêcheur·ses, pasteur·es, mouvements féministes, écologistes, migrant·es, consommateurs, chercheurs et activistes. Ensemble, ils portent une vision politique commune et un plan d’action pour répondre aux crises mondiales interconnectées qui affectent la sécurité alimentaire, l’environnement et la justice sociale.
Placée sous le thème :
« La transformation systémique, c’est aujourd’hui ou jamais »,
cette 3ᵉ édition du Forum Nyéléni constitue une plateforme mondiale de résistance et de solidarité. Elle met en avant la souveraineté alimentaire, le féminisme populaire, l’agroécologie, la justice climatique, la démocratie économique et la souveraineté des peuples.
Patricia Maisha, une voix africaine au cœur du débat
En tant que représentante officielle de la RDC, Patricia Maisha a profité de la cérémonie inaugurale pour relayer le message de l’Afrique. Elle a rappelé l’importance de la continuité des luttes pour la souveraineté alimentaire et la justice sociale :
« Nous avons hérité des luttes pour la souveraineté alimentaire et d’autres combats qui ont maintenu la flamme contre l’oppression et ouvert les voies de l’émancipation. Nous sommes les gardiens de cette flamme allumée dans les années 1990. »
Par ses propos, elle a souligné la nécessité de renforcer la solidarité des peuples face au système capitaliste, patriarcal, colonial et impérialiste qui marginalise encore les communautés vulnérables, notamment en Afrique.
La participation de Patricia Maisha ne se limite pas à une représentation symbolique : elle témoigne de l’engagement de la RDC dans le débat mondial sur la souveraineté alimentaire et la transformation des systèmes halieutiques. La présidente de REDIC-AWFISHNET-RDC a mis en lumière les défis auxquels son pays fait face :
La sous-exploitation des ressources halieutiques, Le manque de politiques adaptées pour valoriser la pêche artisanale, La précarité des femmes transformatrices et commerçantes, La nécessité d’intégrer la pêche et l’aquaculture dans les stratégies nationales de sécurité alimentaire.
Le Forum, qui se tiendra sur six jours, vise à élaborer un programme d’action politique commun pour consolider le pouvoir populaire et proposer des alternatives concrètes. La voix de la RDC, portée par Patricia Maisha, y occupe une place de choix afin de faire entendre les réalités congolaises et africaines.
Le message de l’Afrique au Forum Nyéléni
Au cours de la 3ᵉ édition du Forum Nyéléni, les délégués africains ont porté un message fort, soulignant que le monde est malade et que l’Afrique, affaiblie par son histoire, se trouve sous respirateur. L’esclavage, la colonisation, la néocolonisation et aujourd’hui la colonisation digitale continuent de peser lourdement sur le continent. Face à ces réalités, l’Afrique appelle à une transformation structurelle urgente et collective.
Les principaux points de ce plaidoyer sont :
Une crise identitaire profonde : héritage de l’esclavage, de la colonisation destructrice des cultures, de la néocolonisation insidieuse et désormais d’une colonisation digitale qui dépossède et fragilise les sociétés.
Une crise sécuritaire persistante : la militarisation accrue et l’ingérence de multinationales déstabilisent plusieurs pays africains, dont la RDC, la Somalie, le Mali et le Burkina Faso, qui luttent pour leur survie et leur souveraineté.
Une crise économique aggravée : marquée par des niveaux d’endettement colossaux et une démocratie fragilisée, où les orthodoxies économiques imposent des modèles destructeurs, générateurs d’inégalités et d’injustices.
Une crise climatique majeure : résultat de l’exploitation effrénée des ressources naturelles par des multinationales, souvent avec la complicité d’États tiers, menaçant la biodiversité, la souveraineté alimentaire et la survie des communautés paysannes, pastorales et de pêcheurs.
Des actions prédatrices des multinationales : accaparement des terres, des eaux, des semences paysannes et du vivant, fragilisant les fondements mêmes des sociétés africaines.
Ce message souligne que l’Afrique refuse d’être spectatrice et exige une transformation radicale, équitable et inclusive, afin de construire un monde plus juste et respectueux des peuples et de leurs droits.
Son engagement et sa détermination font d’elle une figure incontournable, qui œuvre sans relâche pour que la pêche et l’aquaculture deviennent non seulement des leviers de développement économique, mais aussi des outils de justice sociale et de dignité pour les communautés locales.
par Bosco Kiaka









